Diabète et dénutrition : le double challenge

Diabète et dénutrition : un double défi à relever pour couvrir les besoins nutritionnels tout en limitant les fluctuations glycémiques.
diabète et dénutrition : double challenge

Prendre en charge la dénutrition chez les patients diabétiques représente un véritable défi thérapeutique. Il s’agit d’assurer la couverture des besoins nutritionnels tout en limitant les fluctuations de la glycémie. Cet article présente les causes, les conséquences de la dénutrition dans le cas du diabète et les solutions pour relever ce double challenge.


La France compte aujourd’hui plus de 4,3 millions de personnes concernées par le diabète, dont plus de 90% sont atteintes de diabète de type 21. Par ailleurs, environ 2 millions de personnes sont touchées par la dénutrition2. Parmi les personnes diabétiques, 20 à 25% présenteront au cours de leur vie un pied diabétique3

Or, 62 à 84,8 % des personnes avec un pied diabétique sont dénutries4.

Le patient diabétique, et particulièrement le patient âgé hospitalisé ou en institution, est à haut risque de dénutrition. En effet, la prévalence du diabète et de l’hyperglycémie aiguë est de 5 à 20 % dans cette population5

Chez le patient diabétique, plusieurs mécanismes favorisent la dénutrition. Le déséquilibre glycémiquel’hyperglycémie et le déficit en insuline entrainent une réduction des apports nutritionnels, une déperdition énergétique, l’augmentation du catabolisme musculaire et une diminution de la synthèse protéique. Il en résulte une perte de poids et de masse maigre, avec pour conséquence un risque de dénutrition et de sarcopénie.5

schèma de la dénutrition

L’association du diabète et de la dénutrition majore les risques de complications5,6,7 :

  • Perte de masse et de force musculaire
  • Altération de la réponse immunitaire
  • Retard de cicatrisation
  • Risque accru d’infections
  • Risques d’escarres
  • Augmentation par 11 du risque d’amputation suite à une plaie au pied4

Ces complications ont pour conséquences directes la diminution globale de la qualité de vie des patients.

Le diagnostic de la dénutrition repose sur les critères définis par la Haute Autorité de Santé8,9. Deux critères suffisent pour diagnostiquer une dénutrition : au moins un critère phénotypique et au moins un critère étiologique.

Les critères phénotypiques

La perte de poids :

  • ≥ 5 % en 1 mois, ou
  • ≥ 10 % en 6 mois, ou
  • ≥ 10 % par rapport au poids habituel avant le début de la maladie  

L’IMC :

  • IMC < 18,5 (patients < 70 ans), ou
  • IMC < 22 (patients ≥ 70 ans)

L’obésité n’empêche pas la dénutrition ! L’IMC ne doit pas être considéré comme un critère pour diagnostiquer la dénutrition chez une personne en situation d’obésité.

La masse et la force musculaire :

  • Réduction quantifiée de la masse et/ou de la fonction musculaire, ou
  • Sarcopénie confirmée (patient ≥ 70 ans)

Les critères étiologiques

Les ingesta :

  • Réduction de la prise alimentaire ≥ 50% pendant plus d’1 semaine, ou
  • Toute réduction pendant plus de 2 semaines par rapport à la consommation alimentaire habituelle quantifiée ou aux besoins protéino-énergétiques estimés (évaluation facilitée par l’utilisation d’une échelle visuelle analogique)

La diminution de l’absorption intestinale (dont le diagnostic repose sur des examens médicaux)

Une situation d’agression :

  • Pathologie aiguë, ou
  • Pathologie chronique évolutive, ou
  • Pathologie maligne évolutive

 Retrouver les fiches pratiques de la SFNCM pour accompagner le diagnostic de la dénutrition

Selon les recommandations de la HAS et de la Société Francophone du Diabète, les besoins nutritionnels chez les patients diabétiques sont10,11,12,13 :

Energie : 30 à 40 kcal/kg/j

Un apport de 1 800 à 2 000 kcal/j permet de maintenir une diversité alimentaire.

Les régimes inférieurs à 1 200 kcal/j sont à proscrire en raison du risque de dénutrition.

Protéines : 1,2 à 1,6 g/kg/j chez les personnes âgées fragiles ou malades, à risque de dénutrition

Lipides : 35 à 40 % de l’apport énergétique total

Fibres : 25 à 30g/j, comme dans la population générale

Micronutriments : Attention aux carences en vitamines B12 et D, zinc et magnésium qui peuvent augmenter le risque cardiovasculaire

Chez les personnes diabétiques, les soins nutritionnels (fractionnement et enrichissement de l’alimentation, complémentation nutritionnelle) font partie du traitement du diabète de type 214. Parmi les soins nutritionnels, l’ESPEN approuve l'utilisation des compléments nutritionnels oraux (CNO) spécifiques du diabète15. Par ailleurs, chez la personne âgée diabétique, fractionner les prises alimentaires est recommandé pour favoriser les apports oraux11.

Intérêt des CNO à faible index glycémique

Les CNO à faible index glycémique permettent de5 :

•      Limiter les fluctuations glycémiques entre les repas

•      Diminuer le delta glycémique (différence entre la glycémie avant et après ingestion du CNO), en moyenne de 0,19 g/l

•      Diminuer le pic glycémique de 0,29 g/l

•      Diminuer les besoins en insuline

Intérêt des CNO riche en acides gras monoinsaturés (AGMI)

Les CNO riches en AGMI, ayant un index glycémique plus faible que les solutés standards contribuent à réduire de manière significative16 :

•      Le pic maximal de glycémie

•      La glycémie moyenne

•      La variabilité de la glycémie

•      Les doses moyenne d’insuline administrées

•      Les triglycérides sanguins moyens

Consulter les produits de la gamme Fresubin® DB 2kcal Drink/Crème, adaptée aux besoins spécifiques des patients diabétiques dénutris


CONCLUSION

Chez les patients diabétiques, la dénutrition est une complication sous-diagnostiquée et pourtant lourde de conséquences. Une prise en charge nutritionnelle adaptée, associant un dépistage précoce, des recommandations ciblées et le recours à des CNO spécifiques, permet d’agir sur les deux fronts : prendre en charge la dénutrition tout en limitant les fluctuations glycémiques.


Références (et liens externes) :

  1. Diabète. Ministère du travail, de la santé, des solidarités et des familles. Mise à jour le 25/02/2025. LIEN
  2. www.luttecontreladenutrition.fr
  3. https://www.federationdesdiabetiques.org/information/diabete/chiffres-france
  4. Sallé A. Le diabète, facteur de dénutrition et de carences en micronutriments. Nutrition Clinique et métabolisme 32 (2018) 8-21.
  5. Mahmutovic M, Quilliot D. Hyperglycémie. Chapitre 90. In : Traité de nutrition clinique à tous les âges de la vie. Editions de la SFNCM. 2024.
  6. Mineoka Y, et al. (2022) Nutritional Status Assessed with Objective Data Assessment Correlates with a High-Risk Foot in Patients with Type 2 Diabetes. J Clin Med 11.
  7. Zhang H, et al. (2013) Nutritional status deteriorates as the severity of diabetic foot ulcers increases and independently associates with prognosis. Experimental and Therapeutic Medecine 5:215-22.
  8. HAS. Diagnostic de la dénutrition de l’enfant et de l’adulte de moins de 70 ans. 2019. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2021-11/reco368_fiche_outil_denutrition_pa_cd_20211110_v1.pdf
  9. HAS. Diagnostic de la dénutrition chez la personne de 70 ans et plus. 2021.
  10. HAS. Stratégie de prise en charge en cas de dénutrition protéino-énergétique chez la personne âgée. 2007
  11. Guide paramédical - Prise en charge de la personne âgée diabétique - MmM HS1 Vol_4 2010
  12. Alfediam Paramedical ADLF. Alimentation du diabétique de type 2. Recommandations de bonnes pratiques. 2003.
  13. Alfediam. Référentiel de bonnes pratiques Nutrition & Diététique. Diabète de type 2 de l’adulte Nutrition - Alimentation - Comportement alimentaire - Éducation thérapeutique - Évaluation des pratiques. SFD 2014
  14. HAS. GUIDE PARCOURS DE SOINS – DIABETE DE TYPE 2 DE L’ADULTE. 2014
  15. Barazzoni R, et al. (2017) Carbohydrates and insulin resistance in clinical nutrition: Recommendations from the ESPEN expert group. Clin Nutr 36:355-63.
  16. Sanz-Paris A, et al. (2020) Diabetes specific formulas high in monounsaturated fatty acids and metabolic outcomes in patients with diabetes or hyperglycaemia. A systematic review and metaanalysis. Clin Nutr 39:3273-82.
  17. Dechelotte P et Petit A. Apports en électrolytes, vitamines et oligo-éléments. chap 51. In : Traité de nutrition clinique à tous les âges de la vie. Editions de la SFNCM. 2024.
  18. Eyraud E, et al. Compléments nutritionnels oraux. Chap 53. In : Traité de nutrition clinique à tous les âges de la vie. Editions de la SFNCM. 2024.